J’ai besoin qu’on m’oblige à changer le monde (entre devoir et choix)

Par Patricia Mignone éducation Aucun commentaire sur J’ai besoin qu’on m’oblige à changer le monde (entre devoir et choix)

devoir

Devoir ou choisir : qu’est-ce qui vous fait bouger de façon décisive ?
Depuis les années ’60, sous des poussées multiples – dont celle de la culture et des medias de masse – nous nous sommes laissé convaincre que le libre arbitre, c’est mieux.
Eh bien, rien n’est moins vrai. Ou plutôt, cette idée de libre arbitre est une illusion. C’est ce que nous allons observer succinctement dans cet article.

j'ai besoin que ce soit un devoir

J’ai besoin que ce soit un devoir

Dans un sondage en cours, à la question « Pour agir au quotidien de façon durable, voici le genre de soutien dont j’aurais besoin », une personne répond : « j’aurais besoin que ce soit un devoir et non un choix ».

Et c’est très intéressant, tout d’abord parce que le principe du choix est un leurre.
En effet, quand les gens se voient proposer quelque chose, l’économie comportementale montre qu’ils n’exercent pas leur libre arbitre de façon rationnelle.

Il se peut même qu’ils ne choisissent pas et passent à autre chose ; ils ont plein de bonnes raisons pour ne pas agir maintenant et, en particulier, ils sont trop flemmards pour poser l’acte maintenant.

Résultat : actuellement, en France, 80 % des gens sont sensibles aux problèmes résultant de la globalisation et seulement 20% de ces gens se bougent.
Voilà pour la question du libre choix.

ecoleEn ce qui concerne la question du devoir, elle conduit à rechigner parce qu’on n’a pas le choix : si on ne pose pas l‘acte, on est puni par la loi ou bien – celui-ci, on y pense moins – par ce censeur interne qu’est la morale : on se sent coupable.
Bref, on agit à contre cœur et ce n’est pas l’idéal pour ancrer cet acte dans la durée.

Ce dont nous avons besoin, ce n’est ni de choix ni de devoir : ce dont nous avons besoin c’est de non-choix.
Car, fondamentalement, ce qui nous coûte, c’est l’effort.
Nous avons besoin que le geste juste soit une option par défaut, qu’il soit inévitable, autrement dit, qu’on n’ait d’autre choix que d’être vertueux.

Non-choix et devoir

Pensez à la façon dont vos appareils sont programmés d’origine : vous verrez de quoi je parle.
Green NudgeLe fabricant a installé des réglages par défaut. Ces derniers sont des standards commodes que la plupart des gens ne remettent pas en cause mais que vous pouvez aussi adapter à vos besoins ou envies.
En attendant, si vous êtes trop pressé ou sans opinion, votre appareil fonctionne quand même correctement et cela, parce que le fabricant a programmé pour vous des options confortables et bienveillantes.
Vous découvrirez tout cela  si vous lisez Green Nudge, le livre d’Eric Singler.

Devoir et option par défaut

Et dans la vraie vie, pour nous qui ne sommes pas des appareils, comment les installer ces programmes par défaut ?
Je pense à deux options (et il en existe certainement d’autres)

1. L’éducation

Nous qui sommes des personnes attentives, nous pouvons aider nos enfants à faire les bons choix sans qu’à l’âge adulte cela leur coûte d’efforts ni le sentiment de faire un sacrifice.

enfantEn éduquant un enfant, qu’on le veuille ou non, tout simplement parce que c’est comme cela qu’il fonctionne, on instille en lui ses valeurs et programmes par défaut, son « impensé », ses réflexes, ce qui lui viendra spontanément quand il agira sans réfléchir.
C’est important puisque nous agissons sur un mode automatique à 95% de notre temps, paraît-il.

De la sorte, si nos enfants grandissent dans un environnement qui reflète les valeurs qu’ils ont intérêt à adopter, ils épouseront ces dernières sans effort, sans même y penser.

alimentation industrielleAinsi, si vous voulez leur éviter une addiction à l’alimentation industrielle, vous augmenterez leurs chances d’y parvenir en ne les exposant pas à ce type d’alimentation, etc
(ce n’est pas si simple, je sais, mais on n’est pas ici dans le cadre d’un livre ;o) )

Dans la mesure où les enfants apprennent principalement par l’imitation, nous-mêmes, devons être cohérents par rapport aux valeurs que nous voulons leur instiller.

Ces propos peuvent, certes, vous donner le sentiment que je vous incite à manipuler vos enfants.

Gardez simplement à l’esprit ces deux données :

1/ On ne peut pas ne pas éduquer : ça signifie que quelle que situation que vive un enfant, il en est marqué. Du coup, autant organiser les conditions dans lesquelles il grandit.

les oisons de Konrad Lorenz

Les oisons de Konrad Lorenz

Dan Ariely2/ Dans toute situation, la première expérience dont l’enfant fait objet conditionne sa perception future de la même expérience.
Elle pose une empreinte qui l’influencera définitivement.
Elle définit ses programmes par défaut sur l’objet de l’expérience.
Bon à savoir quant à l’orientation à donner.

Vous retrouverez ce phénomène décrit en détails dans “C’est [vraiment] moi qui décide ?” de Dan Ariely.

2/ Pour nous-mêmes au présent

Si l’on se limite aux habitudes d’achats, celles-ci peuvent exercer un impact absolument phénoménal à deux niveaux :

  • au niveau micro-local – notre économie domestique, notre santé, celle de nos enfants, leurs performances scolaires, etc – et
  • au niveau global, dans le sens où – pour l’exprimer très succinctement – en achetant des produits et services non- éthiques, nous validons les pratiques de nos fournisseurs (destruction du milieu, exploitation de la main d’œuvre fragile, exploitation des animaux, etc).

Ainsi chaque femme qui achète pour 28 euros un poncho rouge en lapin et raton laveur, dit à H&M : « Bravo, mon vieux ! Continue ! Je valide tes pratiques immondes ! »

de la fausse fourrure en vrai lapin et vrai raton laveur

Le nouveau poncho en pseudo-fausse fourrure de Valerie. 28 euros chez H&M : trop bon marché pour être de la vraie fourrure ? Regardez l’étiquette ! Le prix vous indique juste comment les travailleuses et les animaux sont traités.

Il faut quand même préciser qu’à 80%, ce sont les femmes qui font les achats.
Pour le formuler autrement, les consommateurs sont à 80% des consommatrices.

On ne peut donc que constater que les femmes ont le sort du monde entre leurs mains et qu’il nous appartient – à nous, les femmes ! – de modifier nos pratiques de consommation pour que tout change radicalement.
Car au bout du compte, c’est nous qui – par nos modes de consommation – validons ce système dont nous nous plaignons sans relâche.

La maltraitance des animaux, c’est triste ?
Cessons d’acheter des vêtements en fourrure et limitons notre consommation de viande et de sous-produits animaux au minimum

Les produits toxiques dans la nourriture, c’est révoltant ?
Cessons d’acheter de la nourriture industrielle et cuisinons !

C’est quand même merveilleux, ce pouvoir que nous détenons, nous, les femmes, de changer le monde alors que nous nous tenons pour des victimes incapables du moindre impact.

Les femmes détiennent le pouvoir de changer le monde

Dans une petite séquence d’interview devenue mythique, Coline Serreau déclare qu’il suffirait qu’on cesse de s’approvisionner dans les supermarchés pendant un jour et l’industrie de l’agro-alimentaire s’effondrerait.

Coline Serreau

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Changer le monde : et si on s’y mettait ?

Que faire pour acheter éthique  ?

  • Commencez par n’acheter que ce dont vous avez besoin.
  • Avant de sortir, écrivez la liste de ce qui vous manque.
  • (Si vous êtes concernée) Cessez de considérer comme un loisir le fait de faire les magasins (voyez la photo de l’affiche ci-dessous)

Saint-Valentin

  • Vous méditez ? Bonne nouvelle !
    Un peu de pleine conscience quand vous faites les courses et votre porte-monnaie vous sourira plus souvent : quand vous faites les courses, décidez de ne pas acheter ce dont vous n’avez pas besoin. C’est simple, non ?
  • Et quand vous vous achetez des fringues, regardez l’étiquette et refusez celles qui sont tachées de sang humain ou animal.

On ira plus loin une prochaine fois !

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