Un déménagement, dans le contexte qui est le nôtre, c’est une obligation morale d’en faire une opération zéro déchet [ou presque].
Dans cet article, je vous dis comment je me suis organisée pour vider ma maison en deux mois en jetant le moins possible.
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Pourquoi faire un déménagement [presque] zéro déchet
Il y a encore des clowns pour ne pas se soucier de l’état du monde tandis que d’autres guignols estiment que la responsabilité incombe au monde industriel et estiment que les éco-gestes citoyens sont dérisoires.
Pour prendre la mesure de notre responsabilité, il est quand même utile de se rappeler que la finalité du monde industriel, c’est la consommation; que les consommateurs, c’est nous; et plus précisément, nous les femmes, qui sommes à l’origine de plus ou moins 80% des décisions d’achat. Cela se sait depuis plus d’un siècle. C’est pourquoi, depuis plus d’un siècle, les femmes sont les destinataires privilégiées du discours publicitaire mais… même si ça me passionne, ce n’est pas le sujet de cet article ;o)
Déménager [presque] zéro déchet, c’est l’expression d’une conscience citoyenne, de valeurs solidaires, d’une conscience de la durabilité des choses. Ainsi, dans un déménagement radical comme le mien, plein de choses peuvent trouver un prolongement à leur existence actuelle, se recontextualiser, faire plaisir, dépanner. Bref, il y a de quoi s’occuper.
Myrtille, le chat qui déménage
Comment organiser un déménagement [presque] zéro déchet
En toute humilité, je vais vous décrire la façon dont j’ai procédé. Puisque je ne suis pas une déménageuse professionnelle, je ne prétends pas être un exemple. Cela dit, je trouve qu’avec l’aide d’Antoine, mon Jack of all trades logisticien préféré, je fais du bon boulot puisque je suis même parvenue à caser-offrir mon affreux bureau Ikea qu’Antoine voulait déposer à la décharge.
Il faut dire qu’avant de m’y mettre, j’ai trouvé l’inspiration dans un groupe FB lié au zéro déchet ou au minimalisme, où des gens indiquaient que dans le cadre d’un grand départ ils avaient garder plein de choses dans un garde-meubles et… qu’ils auraient mieux fait de ne rien garder. Ma copine Isabelle m’a également décrit la façon dont elle avait vidé sa maison. De ce fait, j’avais un peu d’inspiration.
Le planning du déménagement [presque] zéro déchet
Organisation et destination
La logistique et le ménage, ce n’est pas ma passion. Quand il n’y a personne dans mon circuit pour me dire que je suis désordonnée, je laisse le désordre s’installer. De ce fait, je me suis donné un rythme que j’ai décliné de façon plus ou moins aléatoire : depuis deux mois, j’ai agi dans la perspective du déménagement plus ou moins 1 heure par jour. Certains jours, je n’ai rien fait, d’autres jours, j’ai classé et déplacé des objets et des meubles pendant 3 heures.
J’ai classé les objets dans la perspective de leur destination : la plupart sont partis chez des amis, chez des inconnus. Et ce qui ne pouvait pas être vendu par manque de temps, comme par exemple les livres d’art, j’ai choisi de les donner à un ami qui organise des événements pour les artistes et qui les dispersera dans ce cadre-là.
Les fournitures artistiques sont parties chez le même ami : elles seront mises à la disposition d’artistes qui ont peu de moyens dans le cadre des ateliers.
Pour les vêtements particuliers, je les ai donnés à Amandine en lui proposant des les vendre à son profit.
Comment ai-je sélectionné ces vêtements ?
En écoutant Laurence bien sûr : sont partis, les vêtements qui me disaient : “Patricia, regarde comme tu as grossi” et que je n’avais plus portés depuis des années. A un moment, il faut rendre les armes (je parle des fringues)
Je me suis aussi fait plusieurs caisses de livres d’art que je confie à des amis dans la perspective de ma re-sédentarisation, ainsi que d’autres caisses de livres que j’emporte avec moi.
Organisation et planning
Je pense que l’essentiel dans tout cela, c’est d’organiser les différentes destinations des objets et de planifier leur départ.
A mesure que le temps passait, certains objets ont changé de destination. Ainsi, après avoir appris que la bibliothèque faisait la fine bouche en matière de dons de livres, j’ai choisi d’organiser leur écoulement différemment. La majorité des livres de taille moyenne se retrouvent donc dans des caisses que je dépose sur le pas de ma porte à la disposition des passants.
La semaine dernière, je vous disais que les lunettes bénéficiaient d’un traitement spécial. Je consacrerai un article particulier à ce sujet.
Un déménagement en mode SLOW
Un déménagement, surtout pour ne pas déplacer ses biens mais s’en défaire totalement, c’est un grand mouvement vers plus d’alignement sur notre authenticité. On dit souvent que choisir, c’est renoncer : les choix que nous faisons parlent de nous et de ce qui compte pour nous. En tout cas, dans cette logique de transition, l’idée de résilience prend tout son sens.
Que va-t-on garder? Et quel sort va-t-on réserver à ce qu’on ne garde pas ?
Et, par ces choix, en quoi contribuons-nous ?
Déménagement [presque] zéro déchet – Faut-il jeter ?
Jeter est la dernière solution à laquelle recourir : on jette ce qui ne peut être vendu, donné, recyclé tout simplement parce que cet objet est devenu impropre à l’usage, le meilleur déchet restant celui qui n’existe pas. C’est dire si jeter est le dernier geste à opérer.
De plus, jeter est l’un des gestes emblématiques de l’impasse sociétale dans laquelle nous sommes collectivement coincés actuellement. De ce fait, l’approche slow résonne comme un principe éthique car, souvent, le facteur temps joue un rôle déterminant dans les décisions lors d’un déménagement. De ce fait, comme un déménagement mobilise pas mal de temps, on peut être enclins à estimer qu’on n’a pas assez de temps. C’est là que nos valeurs se manifestent : en fonction de ce qui compte pour nous, nous allons opter pour des issues radicales ou des solutions lentes qui demandent de la réfléxion, de l’organisation et qui, en même temps, témoignent de nos valeurs.
Déménagement SLOW et [presque] zéro déchet
J’aurai effectué mon déménagement en 2 mois à raison de plus ou moins une heure d’action par jour.
Je suis accompagnée dans mon déménagement par Antoine qui, par souci de rentabilité/gain de temps, mettrait tout à la poubelle. Son gène logistique est content quand je dis “on jette”.
Ici, pour ma part, j’ai donc consacré des dizaines d’heures à des actions estimées à 10 euros de l”heure alors que mon tarif horaire professionnel dépasse largement ce montant-là.
Ce qui m’a animée tout au long de cette opération
La question de savoir comment prolonger la vie de mes affaires, pas la question de la rentabilité.
Le grand tas qui part chez Aurore et Stephane : un salon complet, des décors textiles complets, des lustres et un cadeau secret ou deux.
Aujourd’hui, nous sommes à J-5, et le rez de chaussée est parsemé de tas plus ou moins grands correspondant à des destinations :
– les meubles et caisses qui vont en prêt/gardiennage
– les meubles et objets que je donne
– les meubles et objets que je vends
– les caisses qui vont être stockées chez mon voisin pour “après”
– les choses dont je fais cadeau
– les choses que je dépose sur la façade et que j’offre aux passants
Et finalement, ne seront allées à la poubelle que les choses qui sont devenues inutilisables parce qu’elles sont trop dégradées.
Des objets vendus
Le tuyau de l’experte : indiquez IKEA devant le nom de l’article et il partira dans les 2 heures
Déménagement ZD extrême
- j’ai lavé certains livres pour les rendre acceptables
- Les anciennes lunettes sont parties chez l’opticien pour être acheminées en Afrique
- Mon matériel artistique part chez Olivier, le commerçant en fournitures artistiques et sera offert aux artistes aux moyens modestes
- Mes livres d’art seront vendus à prix modique lors de foires artistiques au profit d’un refuge pour animaux.
Dans tout cela, beaucoup d’opérations ne sont pas “rentables” au sens marchand. Certaines sont même fort chronophages. Cependant, elles sont un bon investissement de mon temps dans une logique de résilience.
Vendre sans espérer faire fortune
On entend souvent dire qu’à peine acheté, un objet perd 50% de sa valeur.
Il est clair que vendre ses biens dans le contexte d’un déménagement n’est pas rentable : c’est une manière d’obtenir une compensation symbolique pour un objet qui, parfois, est investi d’une charge émotionnelle.
Par exemple, le fait de vendre à l’équivalent du prix d’achat les jolis meubles qui se trouvaient dans la chambre de mon fils quand il était enfant a représenté une forme de compensation qui m’a convenu, précisément parce que j’associais des souvenirs à ces meubles. D’autres meubles et objets sont partis pour des montants symboliques et c’était OK : j’ai dépanné des gens en me défaisant d’un objet et cela a rapporté un peu d’argent.
En revanche, comme je l’écrivais plus haut, n’ayant plus le temps de gérer l’écoulement de mes beaux sacs, chaussures et vêtements, je les ai donnés à Amandine afin qu’elle les vende à son profit. Comme je l’ai écrit plus haut, les choix que j’ai faits traduisent mes valeurs : transmettre est plus important pour moi que rentabiliser.
Quoi qu’il en soit, si vous êtes dans une dynamique ZD, prenez le temps de réfléchir et prenez le temps d’agir en commençant par lister les destinations possibles de vos biens, quitte à les offrir. Et ne jetez que dans la mesure où les objets sont dans un état de dégradation tel qu’on ne peut plus les utiliser.
L’idée de suivre mes aventures vous inspire ?
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Voici ce que vous en tirerez
- Vous recevrez immédiatement un carnet de voyage que j’ai réalisé il y a quelques années lors de mon voyage à Portland.
- vous recevrez régulièrement des carnets de voyage comme celui-là
- vous ne manquerez aucune de mes aventures de woofeuse accompagnée de sa baroudeuse de chatte, la gentille Myrtille.
Si cette publication vous a inspiré.e laissez un commentaire, je vous répondrai avec plaisir
Elodie Montant
Dans juin 27, 2020 à 10:24Tu es bluffante Patricia !
Patricia Mignone
Dans juin 27, 2020 à 10:41❤️😼
Merci, Elodie
Isa simon
Dans juin 28, 2020 à 3:29Merci pour cet article clair et concret! Il fait passer un message sérieux sans paternalisme, avec beaucoup de bienveillance et un humour teinté d’autodérision que j’avais déjà adoré dans le webinaire réalisé avec Laurence Atterte
Patricia Mignone
Dans juin 28, 2020 à 6:55Merci d’apprécier, Isabelle !
C’est vrai que sauf si on est un pro en la matière (ce que je n’ambitionne pas !), on ne peut que partager son expérience, pas donner des leçons.
Prends soin et fonce ! 😉
Carmela Apassolo
Dans juin 30, 2020 à 10:30Félicitations Patricia pour ton courage et ta détermination. Bravo.
Patricia Mignone
Dans juillet 16, 2020 à 11:05Merci, Angela
Bisou
PATRICIA BERNARD
Dans juillet 27, 2020 à 9:04Bonjour patricia
Il y a quelques années moi aussi je suis partie et j’ai tout laissé…
Auriez vous encore des livres sur l’art !?
Merci pour votre retour,
Et un grand bravo et un grand merci pour vos partages et conseils !
Patricia alias Slem
Patricia Mignone
Dans juillet 27, 2020 à 9:56Hello Patricia
Merci pour le message
Non, hélàs. Maintenant, je suis sur la route et l’espace dans la voiture est précieux.
De ce fait, j’ai donné les livres d’art à un ami.
Bonne route à vous aussi 🙂